Un peu moins de 2 mois après une 10ème édition atrophiée de l’UTMB avec le fiston , je me redéguisais en traileur sur une nouvelle bavante, la 20ème du Grand Raid, mais cette fois ci aux cotés de Marina.
Problème! 10jours avant l’épreuve Marina hospitalisée, j’ai du revoir ma copie et me trouver un nouveau challenge. Ca n’a pas été difficile à trouver, car la course de la montée du ballon d’Alsace début octobre m’avait rappelé, que mes genoux n’étaient plus aussi vaillants (pointe d’arthrose aux 2 genoux décelée en début d’année).
Donc finalement , je me suis dit que ce serait un bon test de faire cette diagonale uniquement en marchant, pour servir d’exemple à tous les vieux cons , heu… coureurs comme moi :-), qui ne peuvent plus beaucoup courir, et qui veulent s’offrir encore, de bien belles sensations.
Pour vous situer le bonhomme , mon total de course à pied sur l’année 2012 est de moins de 50km ( entrainement + course du Vulcain , UTMB (couru 7km au début) et montée du Ballon d’Alsace compris) . Je compense avec de la rando en montagne , vélo de route.
Bonne nouvelle après sa cruelle désillusion, et 3 jours avant de prendre l’avion, Marina a l’autorisation de faire le voyage , un bien bel endroit pour une convalescence.
L’acceuil à l’aéroport est géant , Robert Chicaud en personne assure le briefing à chaque arrivée d’avion,
On en profite pour lui présenter la course du Belfortrail de TSN
mercredi , veille de course distribution des dossards, bien plus fluide que l’an passé (+) car ouvert dès la matinée!
cap méchant (km 0)
Départ cap méchant, arrivée un peu tard à cause des bouchons, (prévoir un départ de st Pierre avant 18h)
Une fois les vérifications de sacs passées, j’ai à peine 20mn pour effectuer les derniers réglages, bon nombre de coureurs sont encore bouchonnés sur la route de st Joseph!!Plus le temps de retrouver Max et Thierry B
L’ambiance est indescriptible, on sent une ferveur like UTMB, la chaleur moite en +, la superbe musique en –
Le départ de cette 20ème édition est donné 22h tapante par Robert Chicaud, après un nouveau briefing de cette course d’anthologie et de ces 11000m de dénivellé “jeudi, vendredi pluvieux et samedi,dimanche cagnard!” “profiter bien! attention à la montée du Maïdo c’est un mur” ça promet!
Cà part vite… très vite…trop vite, j’essaie de perdre le minimun sur ces 5km de bitume, fait pour étirer le peloton. Pas facile de ne pas courir avec tous ces encouragements tout au long de cette route, mais comme prévu je marche à 6,5km/h ,, enfin le sentier à gauche vers le volcan , je me retrouve sur mon terrain.
chemin ceinture ( km 15; 2250ème)
Rapide ravito en eau grace à mon nouveau sac OLMO 20 et ces 2 bidons devant,
après passage dans les cannes à sucre et un chemin très piégeux , celui s’élargit et me permet de reprendre quelques places.
Un retour latéral vers l’Ouest me fait reperdre des places, car le chemin est en faux plat descendant
ravito au Kiosque , et commence la longue montée du volcan sur un chemin monotrace, avec les nombreux bouchons, l’allure n’est pas très rapide, j’en profite pour ramasser tous les gels et bouteilles qui traine jusqu’à foc foc (une bonne trentaine…) Je décide néanmois d’arrêter ma B A , j’y laisse trop d’énergie.
Foc Foc (km 29 ;7h41mn; 1765ème)
Avec le lever du jour, j’arrive à Foc foc , je perds 1h par rapport à l’année passée en courant, ça me va!
rapide check-up! les 2 genoux et les 2 chevilles tiennent , de bonne augure pour la suite!
Volcan (km 35 ;8h41mn; 1762ème)
un bidon pour le coca et un pour l’eau , je fonctionnerai comme cela jusqu’au stade de la Redoute!
Le terrain est plat et souple, encore un endroit où j’aurais envie “d’envoyer” (je courrais l’année passée à cet endroit) mais le challenge c’est le challenge , je marche.
Textor (km 42 ; 10h11mn;1575ème)
Visible de loin avec ces antennes de 40m de hauteur, l’arrivée à Textor fait chaud au coeur, ce ravito se distingue par une ambiance de folie , tous perruquer les bénévoles nous requinquent après 10h sous la pluie
Mare à Boue (km 52; 12h02mn; 1448 ème)
après ce chemin assez roulant, nous aurons droit à un bain de boue, avec quelques glissades entre les rondins.
malgré le soin d’éviter les barbelés de chaque coté, je me suis fais saigner grrrrrrrrrrrrrr!
arrivée à Mare à boue , toujours sous la pluie , me permets de récupérer du sec grâce à Marina , les pieds c’est certain vont souffrir jusqu’à la redoute
Le 1er vrai repas nous sera servi par les militaires (riz et poulet boucané)
retrouvaille avec Thierry B à Mare à boue , j’ai fais sa connaissance dans l’avion, placé à coté de moi , il travaille à 20km de chez nous!!!
Gite du piton des neiges (km 64; 16h28mn; 1320ème)
La montée de la caverne Dufour par le coteau de Kervegen est interminable, car rendue très difficile avec toujours + de boue, qui nous obligent souvent à contourner le chemin, que n’ont pas eu à faire la tête de course.
J’oublie tout mes temps de passage, je n’ai pas la pêche habituelle dans les montées avec ce maudit rhume qui traine depuis 5 jours, et je manque d’eau pendant la dernière heure de la montée, quel regret de ne pas avoir pris cette bouteille de coca que me tendait Marina à Mare à Boue.
arrivée à Caverne Dufour , je retrouve Thierry B, on fait un bilan de nos pieds déja crevassés,
je lui passe une paire de chaussette de rechange et de la nok. Je repars devant lui , il est plus rapide dans les descentes. Avec 2 gamelles sur les rondins , je m’en tire sans blessures. Il fait bon arriver sur le macadam des rue de Cilaos, où sur ces 3km de route on peut relacher notre attention.
Cilaos (km 72; 18h48mn; 1348ème)
Je retrouve Marina et Thierry B (qui m’a doublé dans la descente) à Cilaos . Je prends une douche avant de manger et passe les pieds à la nok pour la 4ème fois depuis le départ de Cap méchant, j’en profite aussi pour changer de chaussures laissées à la base de vie.
Juste avant de repartir vers la montée du Taïbit , j’aperçois Max , arriver au pointage, il me dit avoir pensé abandonner vers mare à boue , il se refera une santé à Cilaos pour finir en trombe.
Je pars enfin à l’assaut de Mafate avec un petit groupe, juste avant la nuit.
Marla (km 85; 24h41mn;943ème)
Je fais un bout de chemin avec David un kiné du Nord , la montée du Taïbit se passe plutôt bien, avec 2 sympatiques ravitos placés sur la route de St Pierre-cilaos et à mi hauteur de l’ascension (la tisanière), on sent beaucoup d’expériences dans tous ces bénévoles, toujours le bon mot et les bons gestes pour vous faire aller de l’avant.
La descente du Taïbit me permet de reprendre quelques places alors que ce n’est vraiment pas mon fort, je vais bien à ce moment là,
la 2ème nuit sans dormir est déja bien entamée, lorsque j’arrive sur Marla , je fais un ravito éclair , 5 minutes au plus et repars dans la nuit noire.
Les balises ne sont plus évidentes et je suis bien heureux de me voir rejoint par 2 locaux Alban et Antoine, qui vont me permettrent de tracer sur ces chemins piégeux. Passage du col de fourche avec vue sur le cirque de Salazie, je fais remarqué les lueurs d’Hellbourg au fond du cirque que me confirme Alban, je fais aussi remarqué la dangerosité de certains passages sur le vide à un traileur, 2h plus tard nous apprendrons le drame avec la chute de Thierry D .
Sentier Scout (km 93; 27h34mn; 803ème)
Je repars assez vite de sentier scout, motivé par l’info que l’on va lacher le trail du Boubon à 4h00 et d’éviter les bouchons .
Profitant de mon poisson pilote Alban qui a choisit de pas faire de halte, je file sur ce sentier très technique avec des rondins glissants et énormement de boue.
Ilet à Bourse (km 101; 30h35mn; 720ème)
Grand Place les Bas (km 104;31h44mn;714ème)
l’arrivée à Grand Place sera aussi celle de mes premiers soins de pieds par les podologues, dire que je n’avais fais aucun arrêt podo, kiné l’année passée, mais la pluie et la boue ont marqué et durci la course.
Roche Plate (km 114; 35h29mn; 703ème)
la montée sur Roche plate est interminable, avec toujours cette impression d’en avoir terminé. Et au contour du piton , nouvelle descente et nouvelle remontée,
mine de rien on se prend 1000m de dénivellé positif, heureusement la météo est clémente en ce début de matinée
Après un ravito à Roche Plate et le plein des bidons + 1/2 bouteille de coca , je repars à l’assaut du Maïdo avec un nouveau 1000m de déniv+
J’en termine avec cette ascension sur les coups de midi un peu déconfit, j’ai bien géré l’eau buvant la dernière gorgée à 5mn de la sortie du cirque de Mafate.
Marina est descendu me rejoindre à 500m du sommet , l’arrivée dans la brèche restera mémorable, 200 à 300 personnes sont là de chaque coté à vous encourager, cela ressemble à un passage du tour de France dans un col Alpin. Quelle ferveur, quelle ambiance, quel souvenir gravé à tout jamais! je me retourne pour les saluer. c’est certain je reviendrai pour retrouver de tels moments.
Maîdo Tête Dure (km 121; 38h49mn; 677ème)
Je quitte le Maïdo après un arrêt de plus d’une heure , j’ai essayé de dormir, pas moyen avec les animations musicales 🙂 .
Je repars donc vers Sans Souci, sauf pour mes testicules (souci) , elles sont en feu avec les échauffements dû à la pluie et la transpiration , malgré une pommade de bébé au ravito, j’ai une démarche des plus bizarre et loin d’être efficace, d’ailleurs à partir de ce ravito , c’est un peu mon chemin de croix que je vais vivre. Car loin d’être guéri je suis maintenant pris de diahrrées que je ” colmate” en buvant dans le bidon 2 sachets de smecta.
Sans Souci (km 134 ; 44h22 ; 816ème)
descente tranquille sur un chemin large sans difficulté, souvent seul, je traine ma carcasse! arrivée chaleureuse à Sans Souci, merci pour les crèpes ça fait chaud au …coeur
les 20 maillots collector sur le ”stand” de sans souci
Rivière des galets,Halte-là (km 136 ; 45h46 ; 791ème)
l’arrivée à la base de vie de Halte là, me permet de récupérer mon 2ème sac avec du change et du saucisson :-), je repars après un bon repas et un long passage au podologue , qui me videra mes ampoules apparuees au fond des crevasses sous les pieds, tout un programme , à ce moment là il doit me rester 3 ongles sur les 2 pieds :-))
Chemin Ratineau (km 142 ; 48h28mn ; 786ème)
pratiquement pas d’arrêt à ce ravito , je suis pressé d’en finir
Possession (km 149 ; 51h09mn ; 785ème)
à l’arrivée de nuit à Possession , j’ai un sérieux coup de moins bien, qui m’oblige à dormir , point de lit picot , c’est donc sur un banc en ferraille avec plus d’espace que de lattes, que je dormirai . Réveillé au bout d’un quart d’heure par Marina, car un banc en bois venait de se libérer, vous imaginez le Zombie en train de changer de banc après 3 nuits sans dormir…Je le trouvait bien mon banc métallique…
Le réveil 2h plus tard, me rappela que j’aurais mieux fait de dormir par terre , je suis complètement cassé , le bas du dos en compote , je repars pour le chemin des Anglais après un passage chez le kiné pour rechauffer le bonhomme.
3h1/2 d’arrêt tout cela, on oublie le chrono et on pense uniquement à finir.
La portion de route le long de la mer, me permet de me décourbaturer en douceur. Le chemin des anglais se présente maintenant devant moi, il fait partie des difficultées de ce grand raid. Je le passe sans trop de dommage , l’heure matinale y est pour beaucoup, car en pleine chaleur, ce chemin de pierre de lave brûle la plante des pieds.
Grande Chaloupe (km 156 ; 57h10mn ; 919ème)
ce que je me rappelle le plus de cette arrivée à Grand chaloupe , ce sont des morceaux de kiwis distribués par un sponsor , comme quoi on se contente de peu! Marina me confectionne un bâton car du coté du dos cela ne s’arrange pas.
ça va le faire, ça va le faire!
la seule course où des anonymes du peloton signent des autographes! perso j’en ai signé 3 , c’est des attentions qui marquent!
Colorado (km149 ; 60h19mn ; 1032ème)
à Colorado je retrouve Gilles le triathlète Vesulien, qui me trouve une tête de Zombie, j’ai pris 20 ans en 3 jours 🙂
je croise aussi Nathalie, inscrite sur la rando et qui se fait un devoir de me prendre en charge (vu mon état) jusqu’au stade, je choisis de mettre mes bidons à l’interieur du sac pour mettre le poids sur l’arrière tellement le dos me fais souffrir, , Nathalie me passera mes bidons pour boire tout le long de la descente, merci l’amie!
Stade de la Redoute (km 170 ; 62h19mn ; 1085ème)
62h 19mn soit 15h de plus que l’année passée, mais assurement une plus grande joie d’en avoir terminé, je verserai une larme en franchissant la ligne et en tombant dans les bras de Marina et Nathalie
quelques kikou’s rencontrés au stade de la redoute Myrtille,Gargamel,Pascal Penot, Bikoun
merci à tous pour vos messages d’encouragements,
merci Véro, Philippe, Jeanne pour le covoiturage,
merci aux bénévoles pour vos petits soins, pour nous permettrent d’aller le plus loin possible,
merci à Marina pour ce soutien et cette présence tout au long de ce périple
J’ai forcément une pensée pour Thierry D et sa famille, pendant la course nos conversations ont beaucoup porté sur cette terrible nouvelle.
aujourd’hui il me reste plus que 3 ongles !
retrouvaille avec les copains de L’ASPTT BELFORT TRAIL , le dimanche suivant! on est loin des 30° de la montée du Maïdo.
Débriefing de cette course, 3 semaines après… beaucoup plus d’émotions à l’arrivée que l’an passé car celle ci était bien plus difficile et je n’étais pas en grande forme ( j’ai dû attraper une cochonnerie dans l’avion à l’aller, ça toussait devant! ça toussait derrière! , je me suis dit ça va être pour moi! et ça n’a pas raté.
et ce problème de dos, je pense que j’avais une position trop penchée dans les montées et certainement dû à mon nouveau sac, dont le poids est important sur l’avant + de 2kg et que j’utilisais pour le 1ère fois , j’ai commis une erreur.
Maintenant , la technicité du Grand Raid, autorise n’importe quels bons randonneurs habitués à la montagne, à s’inscrire et à bien figurer, une place dans les 600 premiers avec une bonne gestion, est très envisageable.
C’est sûr je reviendrai un jour , cette course est fabuleuse . les réunionnais sont trop sympas et l’île est trop belle !
Un énorme bravo Pascal !!!
Tres jolie resume de course merci pascal que de souvenirs et d emotion qui me reviennent en lisant ton aventure vecu sur ce grand raid merci a toi pour les chausettes! le nok! qui m on ete tres utile car sans toi je crois que mon aventure aurait pu etre stoppe a un moment ou un autre de la course je suis tres content aussi d avoir fait ta connaissance ainsi que celle de marina merci a tout les 2 pour votre soutient j espere pouvoir un jour un etre a vos cotes sur les sentiers de notre belle region a bientot et encore merci Thierry B
Merci pour ce superbe CR, qui me donne encore plus l’envie d’y aller… Peut être l’année prochaine (en fonction de l’UTMB).
Peut être nous croiserons nous sur une course dans les Vosges ?! J’ai d’ailleurs découvert cette année, ce super trail qu’est le Belfortrail.
Encore bravo pour le GRR
Salut pascal et félicitation pour ce que tu (..vous) fais (.. faites).
Vous les trailers , vous êtes encore plus cinglés que les tri-tri.
et dire que je me plains après 15h00 d’effort…
On vient de lire avec cécile, ton reportage et on se dit qu’un jour peut-être, on irait bien la-bas juste pour être supporters….
Au plaisir de te revoir
Cécile et JP
merci Jean Pierre, c’est vrai ce Grand Raid n’est plus une course c’est une aventure. Je ne parle même pas de toutes les hallucinations que j’ai eu comme la plupart des concurents, j’ai croisé un couple d’autruche en pleine nuit qui ne s’averait être que 2 cranes de chèvres avec des feuilles de cannes à sucre! ou des escaliers qui bougeaient alors que je grimpais les marches LOL
au plaisir JP, Cécile
à bientôt
Pascal